Colloque « Hyper-interprétation et savoirs à l’ère du digital : concepts et méthodes »

Thématique : Data

Centre Pompidou – 18 et 19 mars 2024 – Salle Triangle

Colloque organisé par Franck Cormerais (MICA) et Armen Khatchatourov (Dicen-IdF)

A l’heure du dernier stade de la grammatisation, celui des algorithmes et des données, – après les stades de l’alphabet et de l’imprimerie -, il convient de repenser la hiérarchisation et la circulation du savoir scientifique au regard des « technologies de la connaissance » et de l’analyse du langage. La transformation simultanée des régimes du document et des régimes de vérité implique l’expérimentation de nouvelles formes de recherche relatives aux formes de lecture et d’écriture.

En proposant le concept d’hyper-interprétation, l’objectif de ce colloque consiste à dégager les perspectives ouvertes par une approche organologique du savoir, basée sur la relation entre dispositifs techniques et formes de réflexivité qui allient les littératies et les numératies.

L’hyper-interprétation pose la question de la synthèse de plusieurs instruments de connaissance complémentaires qui sont nécessaires à l’évolution de l’activité des chercheurs. Le premier système, dit primaire, regroupe l’ensemble des publications scientifiques éditées qui concourent à la construction des heuristiques de la découverte et de l’expérimentation. Le système secondaire développé durant le XXème siècle favorise l’accès aux contenus primaires par le biais de catalogues des bibliothèques, des archives ouvertes de corpus et de bases de données d’enquêtes. Enfin, le troisième système regroupe l’ensemble des données et des hyperdocuments qui font l’objet d’un traitement spécifique de la part du chercheur et qui concourent à de nouvelles formes de signifiance. Il peut s’agir de graphes, de cartes, de réseaux, d’algorithmes de clusterisation ou de classification, de modèles de langages qui sont soumis à un traitement qualitatif ou quantitatif par le biais d’outillages dédiés.

L’hyper-interprétation renouvelle les conditions du travail interprétatif à travers le triptyque (traces, empreintes, langages) et superpose plusieurs systèmes documentaires qui traduisent l’évolution de l’action de la recherche dans toutes les disciplines en redistribuant les formes du dicible et du visible dans la perspective des Etudes Digitales. Après le concept de Digital Humanities, où les sciences de l’homme et de la société rencontrent les technologies, les Digital Studies, qui concernent toutes les formes de savoir, est une épistémogenèse des savoirs à l’heure des collectifs de connaissances ouvertes (open science).

L’hyper-interprétation repose la question de la configuration des savoirs comprise, non pas comme des traitements de données, mais plutôt comme le renouveau d’une culture de l’argumentation et de la délibération mettant en jeu, autour des textes et des corpus, un dialogue interscience qui couple compréhension et explication pour aborder un « faire sens ».

 

                                    PROGRAMME – 18 et 19 mars 2024                                   

Centre Pompidou, Salle Triangle

Lundi matin

9H-9h30  Accueil (café et viennoiseries)

9H30-9H45  Présentation des journées

9H45-10H15  Du sémanthème au Web herméneutique : vers une nouvelle écologie de l’industrie documentaire ?. Vincent Puig, Institut de Recherche et d’Innovation, Centre Pompidou

10H15-10H45 Machines à interpréter, écriture numérique et capitalisme. Éric Guichard, ENSSIB, Laboratoire Triangle ENS-Lyon – CNRS

Pause 15’

11h-11H30 Études digitales, hyper-interprétation et (trans)-formation des savoirs. Franck Cormerais, Université Bordeaux-Montaigne, laboratoire MICA

11H30-12H00  Pour une compréhension ou une interprétation écologique de l’information. Anne Lefebvre, ENS Paris-Saclay.fr, Centre de recherche en Design

12H30-13H00 Autorité documentaire transmédiatique en régime de numérisation intensive et de systèmes d’organisation des connaissances connexionnistes. Manuel Zacklad, Laboratoire Dicen-IdF, CNAM

Lundi après-midi

14H30-15H00 Hyperinterprétation des images. Alberto Romele, Université Sorbonne Nouvelle.

15H00-15H30 Enjeux socio-philosophiques et herméneutiques de l’ère hypermoderne. Pierre-Antoine Chardel, Laboratoire d’Anthropologie Politique, CNRS / EHESS.

Pause 15’

15H45-16H15 Entre prévisibilité algorithmique et prudence, un espace d’interprétation. Jacques A. Gilbert, Université de Nantes, Laboratoire LAMO

16H15-16H45 Grammatisation des images et interprétation. Sophie Pène, Dicen-IdF

Mardi Matin

9H-9H30  Accueil

9h30-10H  L’herméneutique Digitale et l’idiomatique. Noel Fitzpatrick, Université de Dublin, laboratoire GradCom.

10H-10H30  L’annotation numérique comme hyper-interprétation de documents audiovisuels. Michaël Bourgatte, Université Catholique de Paris.

Pause 15’

10H45-11h15  L’à-venir de l’hypertexte comme différance encyclopédique ? Victor Chaix, Association Épokhè, Paris

11H15-11h45  Interprétation et subjectivité : la Scène de la recherche arts/sciences à l’ENS. Audrey Gosset, ENS Paris Saclay, Laboratoire MICA

11h45-12h15  Heuristique des protocoles d’écriture collective et interprétation. Nicolas Sauret, Université Paris 8, Laboratoire Paragraphe

Mardi après-midi

14h-14h30  Des cartographies de controverses à la génération d’arguments en contexte numérique. Orélie Desfriches, Université, Paris 8, Laboratoire Paragraphe.

14h30-15H  La « raison » des machines et interprétation : l’efficacité a-t-elle un sens ? Daphné Vignon, Université de Nantes, Laboratoire LAMO.

Pause 15’

15h15-15h45  Les contextes de l’interprétation à l’heure de l’IA ubiquitaire. Armen Khatchatourov, Université Gustave Eiffel, Laboratoire Dicen-IdF.

15h45- 16H15  LLM et IA générative : impacts sur les pratiques interprétatives de recherche en sciences humaines et sociales. Amar Lakel, Université de Nantes, Laboratoire MICA

Pour aller plus loin : https://mica.u-bordeaux-montaigne.fr/events/hyper-interpretation-et-savoirs-a-lere-du-digital-concepts-et-methodes/