Avis de soutenance de thèse de Nicolas Sauret
Thématique(s) de recherche : Traces · Patrimoines · Cultures · Mémoires
De la revue au collectif : la conversation comme dispositif d’éditorialisation des communautés savantes en lettres et sciences humaines
Thèse en co-tutelle (Université de Montréal et Université Paris Nanterre),
présentée et soutenue publiquement par Nicolas Sauret
le vendredi 20 novembre 2020 à 14h
en visioconférence (youtu.be/_fpQO1RprR8)
Composition du jury :
- Manuel Zacklad (co-directeur de thèse), PRCM au CNAM, Paris
- Marcello Vitali-Rosati (co-directeur de thèse), professeur agrégé à l’Université de Montréal
- Michael E. Sinatra (président du jury), professeur associé à l’Université de Montréal
- Joëlle Le Marec (rapporteure), professeure des universités à l’Université Paris Sorbonne
- Serge Bouchardon (rapporteur), professeur des universités à l’Université de Technologie de Compiègne
- Marta Severo (membre), professeure des universités à l’Université Paris Nanterre
La soutenance sera diffusée en direct sur youtu.be/_fpQO1RprR8.
Le manuscrit déposé est accessible sur these.nicolassauret.net.
Résumé :
Si l’on s’accorde à dire que les outils numériques ont modifié en profondeur nos pratiques d’écriture et de lecture, l’influence que ces nouvelles pratiques exercent sur les contenus d’une part, et sur la structuration de notre pensée d’autre part, reste encore à déterminer.
C’est dans ce champ d’investigation que s’inscrit cette thèse, qui questionne la production des connaissances à l’époque numérique : le savoir scientifique aurait-il changé en même temps que ses modalités de production et de diffusion ? Je traiterai ce sujet à travers le prisme de la revue savante en lettres et sciences humaines, dont le modèle épistémologique, encore attaché au support papier, se voit profondément questionné par le numérique dans sa dimension technique aussi bien que culturelle. Je fais l’hypothèse que les modalités d’écriture en environnement numérique sont une opportunité pour renouer avec les idéaux de conversation scientifique qui présidaient l’invention des revues au 17eme siècle. La thèse propose une réflexion en trois temps, articulée autour de trois conceptions de la revue : la revue comme format, comme espace et, tel que je le propose et le conceptualise, comme collectif.
La revue comme format, d’abord, émerge directement de la forme épistolaire au 17eme, favorisant alors la conversation au sein d’une communauté savante dispersée. Mais les limites conceptuelles du format nous invite à considérer la revue davantage comme un media. Pour penser alors sa remédiation, je montrerai que cette conversation trouve son incarnation contemporaine dans le concept d’éditorialisation. La revue comme espace, ensuite, où s’incarnait jusque-là l’autorité scientifique, fait émerger de nouvelles possibilités conversationnelles, en raison des glissements de la fonction éditoriale des revues et de leurs éditeurs dans l’espace numérique. Enfin, la revue comme collectif émerge d’une écriture processuelle, en mouvement, propre à l’environnement numérique. Un des enjeux de cette thèse réside dans la mise en évidence des dynamiques collectives d’appropriation et de légitimation. En ce sens, la finalité de la revue est peut-être moins la production de documents que l’éditorialisation d’une conversation faisant advenir le collectif.
Au plan méthodologique, cette thèse a la particularité de s’appuyer sur une recherche-action ancrée dans une série de cas d’étude et d’expérimentations éditoriales que j’ai pu mener en tant que chercheur d’une part, et éditeur-praticien d’autre part. La présentation des résultats de cette recherche-action, ainsi que leur analyse critique, fournissent la matière des concepts travaillés dans la thèse.