Le 11 décembre 2024 Pierre Beslay-Galan à soutenu sa thèse intitulée :
Converser avec les vivants, une sémiotique du vin durable
Devant le jury composé de :
- Mme Clémentine HUGOL-GENTIAL, Professeure, CIMEOS, Université de Bourgogne (Examinatrice)
- Mme Joëlle LE MAREC, Professeure, PALOC, Museum National d’Histoire Naturelle (Rapportrice)
- Mme Eleni MITROPOULOU, Professeure, CRESAT, Université de Haute-Alsace (Rapportrice)
- M. Manuel ZACKLAD, Professeur, DICEN, Conservatoire National des Arts et Métiers (Directeur de thèse)
Résumé
Une étude en SIC qui vise à articuler les dimensions de production et de consommation des vins pour étudier la façon dont elles sont affectées par la transition écologique. Notre étude s’appuie essentiellement sur le cadre de la Sémiotique des Transactions Coopératives, développée par Manuel Zacklad, tout en intégrant d’autres apports issus du pragmatisme, des différentes traditions sémiotiques ou encore du travail de Bruno Latour. Notre enquête, qualitative, a porté essentiellement sur le travail dans des petits domaines viticoles engagés dans des pratiques durables dans lesquels nous avons-nous-même travaillé. Pour la consommation, nous avons d’abord repéré sur YouTube des pratiques originales et amatrices, susceptibles, à notre sens, de poser à nouveaux frais la question du goût sans s’embarrasser des normes strictes qui se sont imposées au monde de la dégustation des vins. Cela nous a amené à élaborer un protocole de dégustation expérimentale, dans une perspective exploratoire, que nous avons pu mettre en œuvre à deux reprises pour démontrer qu’une approche plus souple et plus ouverte de la dégustation pouvait susciter une meilleure réception des vins issus des pratiques durables. L’analyse sémiotique, ouverte sur les pratiques elles-mêmes et les non-humains, nous permet d’articuler les dimensions symboliques à l’expérience sensible elle-même en évitant l’écueil repéré par l’anthropologue Léo Mariani à propos des durians d’une forme de saturation symbolique où certains discours, loin de faciliter l’accès à une expérience sensible, y font finalement obstacle (Mariani, 2020). Cela rejoint l’analyse que nous faisons des pratiques d’élaboration des vins qui, considérées dans cette même perspective sémiotique, impliquent de nombreux niveaux de communication non symboliques. Articuler ces différentes dimensions nous amène à penser la transition écologique du vin comme un phénomène d’intensification des échanges sémio-communicationnels entre humains et non-humains. Plus généralement, cette enquête est aussi pour nous une proposition pour penser, depuis les SIC, la transition écologique. A notre sens, il y aurait une grande richesse à savoir articuler les différents niveaux sémio-communicationnels pour quitter les postures parfois trop anthropo- ou techno-centrées qui prévalent en SIC et rendent particulièrement difficile l’appréhension du grand bouleversement écologique.